Les hommes plus touchés que les femmes par les cancers dûs au papillomavirus (HPV)

Article LeParisien.fr du 14 février 2016

 

Les hommes sont deux fois plus touchés que les femmes par le cancer de la gorge et de la bouche lié à une infection par un papillomavirus (HPV) qui résulte de la fréquence de rapports sexuels bucco-génitaux, selon une étude américaine présentée vendredi.

 

Un papillomavirus dans la gorge. Près de deux cancers oropharyngés sur trois sont provoqués aux Etats-Unis et dans la plupart des pays occidentaux par une infection par le HPV 16 et leur fréquence a nettement augmenté ces dernières années, a expliqué Gypsyamber D'Souza, professeur adjointe d'épidémiologie à l'Université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland).

Elle présentait ses travaux à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie ce week-end à Washington.

 

L'impact de la multiplication des partenaires. La pratique de la fellation ou du cunnilingus entraîne ces cancers qui touchent beaucoup plus les hommes, surtout blancs d'âge moyen, que les femmes. L'analyse montre que ces pratiques répandues commencent à un plus jeune âge et que la fréquence de nouveaux partenaires est également plus grande. «Notre étude montre que chez les hommes le risque d'une infection par le HPV s'accroît avec le nombre de leurs partenaires avec qui ils ont eu des relations sexuelles buccales», a expliqué la chercheuse.

 

Les femmes développent des résistances. Chez les femmes, le nombre de récents partenaires n'a pas semblé augmenter le risque d'infection. Ainsi à nombre égal de partenaires, les hommes ont beaucoup plus de risques d'être infectés par des HPV. L'étude montre que les femmes qui ont eu plus de partenaires pour des relations vaginales avaient moins de risque d'infection par le HPV transmis par ces pratiques. Cela suggère qu'une première exposition vaginale au HPV confère une plus grande protection en déclenchant une forte réaction immunitaire, déduit l'auteur de l'étude. Il semblerait que chez les hommes la réponse du système immunitaire soit plus faible ce qui les rend plus vulnérables à une infection. Cette infection est assez fréquente et la plupart des personnes l'élimine en un ou deux ans mais les hommes moins que les femmes.

 

Des mutations des cellules. Le HPV ne déclenche pas directement les mutations responsables de la tumeur mais provoque des changements dans les cellules qu'il infecte dans la gorge ou le col de l'utérus qui deviennent cancéreuses.

 

Le sexe oral accroît les risques. Les pratiques bucco-génitales augmenterait le risque de cancer oropharyngé de 22%, selon une étude publiée en janvier dans le Journal of the American Medical Association. Ce type de cancer a augmenté de 225% depuis 20 ans.

 

Conjugué au tabac, c'est encore pire. Une étude publiée en octobre 2014 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) par la même chercheuse tendait à démontrer «que le tabac augmente la probabilité des infections orales avec le papillomavirus HPV16». «Bien que nous en ignorions encore la raison, nous suspectons que l'organisme d'un fumeur pourrait ne pas se débarrasser aussi facilement de cet agent pathogène», expliquait le Dr Gypsyamber D'Souza.