L’agence de santé publique met en garde contre l’explosion des infections sexuelles en France

Article LeMonde.fr du 29 novembre 2016

 

Selon les chercheurs, ce phénomène est lié à « une augmentation des comportements sexuels à risque » et à un moindre recours au préservatif.

L’infection par le virus du sida (VIH) se maintient à un niveau élevé en France chez les homosexuels, qui sont aussi la population la plus touchée par l’explosion des infections sexuellement transmissibles (IST), selon des chiffres de l’Agence nationale de santé publique rendus publics mardi 28 novembre.

En 2015, sur les quelque 6 000 découvertes de séropositivité, 2 600 concernaient des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, soit 43 % de l’ensemble des nouveaux cas, contre 54 % chez les hétérosexuels, principalement nés en Afrique subsaharienne et dont bon nombre avaient été infectés en France.

 

Pour désigner les hommes qui ont des relations sexuelles uniquement avec des hommes ou avec des hommes et des femmes, sans tenir compte de la définition qu’ils font de leur orientation sexuelle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retenu le sigle HSH – pour homme ayant des rapports sexuels avec des hommes. L’agence sanitaire relève :

« Le nombre de découvertes de séropositivité ne diminue toujours pas chez les HSH, contrairement à ce que l’on observe chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger. »

En outre, la progression des IST a été particulièrement nette chez les HSH : hausse de 100 % des infections par le gonocoque, de 56 % des syphilis précoces et de 47 % des infections bactériennes rectales dites « LGV » (pour lymphogranulomatoses vénériennes, dues à une chlamydia) entre 2013 et 2015. Plus de 80 % des syphilis et près de 70 % des gonococcies diagnostiquées en 2015 dans les structures spécialisées ainsi que la quasi-totalité des LGV touchaient les HSH, précise encore l’agence.

 

Progrès sur la précocité des diagnostics

Selon les chercheurs, cette explosion des infections est liée à « une augmentation des comportements sexuels à risque » et à une moindre utilisation du préservatif. Même s’il reste très fortement recommandé, il n’est plus « le seul outil de prévention », relèvent-ils. Le traitement préventif du sida, également appelé prophylaxie préexposition (PrEP) peut ainsi être prescrit à l’hôpital depuis la fin de 2015 aux HSH à risque élevé d’être infectés. Mais ce traitement, contrairement au préservatif, ne protège pas contre des IST comme la syphilis par exemple.

L’agence sanitaire préconise « de mobiliser l’ensemble des outils de prévention », à savoir le préservatif, le dépistage régulier du VIH, des IST, de l’hépatite C ainsi que la PrEP. Elle déplore l’hésitation des médecins à prescrire des tests de dépistage du VIH en population générale, mais reconnaît des progrès en matière de précocité des diagnostics (39 % de tous les cas de séropositivité sont désormais détectés à un stade précoce, chiffre qui atteint 49 % chez les HSH).

 

Comme les années précédentes, les trois quarts des 5 millions de sérologies VIH réalisées en France en 2015 l’ont été par des laboratoires de ville, tandis que les tests rapides d’orientation diagnostique (ou TROD) proposés par les associations à des populations qui échappent au dépistage se sont stabilisés aux environs de 62 000 l’an dernier, comme en 2014. Quelque 90 000 autotests de dépistage ont par ailleurs été vendus entre septembre 2015 – date de leur lancement en pharmacie – et septembre 2016.

Sur un plan plus général, le nombre de nouveaux cas d’infections par le VIH est de 89 par million d’habitants, mais avec de très fortes disparités régionales : rapportée au nombre d’habitants, la Guyane est de loin la plus touchée par l’épidémie, devant la Guadeloupe et la Martinique. En quatrième position arrive l’Ile-de-France, où quelque 2 500 nouveaux cas sont découverts chaque année, soit 42 % des découvertes de séropositivité en France, alors que la région ne rassemble que 18 % de la population.